Statistiques : schéma de fécondité des immigrés et des Suisses

Les immigrées de l’ex-Yougoslavie ont des familles plus nombreuses (2,3 enfants par femme en moyenne en 2000) que celles originaires des autres régions d’Europe de l’Est (tout juste 1,3). La deuxième génération tend vers la moyenne suisse.


Age de la mère au premier, au deuxième et au troisième enfant

Par rapport au reste du monde, en Suisse, les femmes ont leur premier enfant très tard. L’âge moyen à la première naissance, qui a augmenté constamment au cours des 40 dernières années, est aujourd’hui de plus de 30 ans. Dans les pays d’origine des migrants, la fourchette d’âge pendant laquelle les femmes ont des enfants varie considérablement.

Comme le montre le graphique ci-dessous, beaucoup d’immigrées tendent en matière de naissances vers la norme de leur pays d’origine, qui diffère de celle qui prévaut dans la population suisse.

Il ressort de l’analyse des données que la probabilité d’avoir un deuxième enfant est plus faible chez les immigrées que les chez les Suissesses, et que le temps qui s’écoule avant la venue du deuxième enfant est beaucoup plus long. Ce schéma ne s’observe pas dans les autres pays d’Europe, où les immigrées passent géné­ralement plus tôt et plus fréquemment du premier au deu­xième enfant.

Une explication pourrait résider dans le niveau relativement bas de l’aide publique aux familles et dans le coût élevé que repré­sente l’éducation d’un enfant en Suisse. Ces éléments pour­raient être discriminatoires pour certains migrants qui ont en moyenne moins de ressources financières que les Suisses et qui ont peut-être plus d’attentes en matière d’aides publiques à la famille, suivant le régime de sécurité sociale qu’ils ont connu dans leur pays. Par ailleurs, les immigrés disposent généra­lement d’un réseau social et familial moins étendu pour les aider lorsqu’ils ont des enfants. Ils aspirent généralement à donner à leurs enfants une éduca­tion poussée, synonyme pour eux d’ascension sociale dans le pays d’accueil. Le plus grand espa­cement des naissances pourrait être aussi le reflet d’un coût d’opportunité moins élevé chez des femmes dont le revenu est bas, alors que le rapprochement des naissances chez les femmes suisses pourrait manifester leur désir de limiter le temps pendant lequel elles quittent le monde du travail.

Source : Guarin et al. (2016) : « Schémas de fécondité comparés des immigrées et des Suissesses ». In : Informations démographiques N° 1 Juin 2016. Démos. Famille, migration. Neuchâtel : OFS.